Historique du 17
Le génie parachutiste, qualificatif qui a remplacé celui d’aéroporté, apparaît à la fin de la seconde guerre mondiale. Mais le numéro 17, dans l’arme du génie, est bien antérieur à l’histoire de notre actuel régiment. En effet les premières formations « 17 » remontent à la guerre franco-prussienne de 1870-71, à l’intervention de 1876 en Algérie, à l’expédition de 1881-82 en Tunisie, aux opérations de 1912 à 1920 au Maroc, et à la Grande guerre de 1914-18, conflits au cours desquels ces unités spécialisées et combattantes remplirent avec ténacité et honneur leurs premières pages de gloire.
De surcroît, sur les soies du drapeau du 17 figure l’inscription « GERMERSHEIM 1945 », héroïque et décisif fait d’armes des sapeurs et des propulsistes du:
17e Régiment Colonial du Génie (RCG)
qui, le 31 mars 1945, malgré des moyens réduits et sous le feu des casemates ennemies, firent merveille lors du franchissement de « vive force » du Rhin à Mechterscheim, localité allemande située dans le Palatinat, entre Germersheim et Spire.
Créé le 1er mars 1944 au Maroc, engagé dans les combats du 20 août 1944 au 12 juillet 1945 de la Méditerranée au Wurtemberg, de Toulon à Ulm, le 17e Régiment colonial du génie effectua avec brio la totalité des campagnes de France et d’Allemagne.
Le 17e Régiment du Génie Parachutiste (RGP)
a l’honneur d’être l’héritier de ce glorieux régiment de l’Armée d’Afrique et de la 1ère Armée « RHIN ET DANUBE » commandée par le général de Lattre de Tassigny. Dépositaire du patrimoine historique du 17e Régiment colonial du génie, le 17e Régiment du génie parachutiste est fier d’en détenir les traditions, et d’en entretenir fidèlement l’esprit et la mémoire.
Le Génie d’assaut par la troisième dimension
C’est en France, à la fin de la « Grande guerre », que naît l’idée de parachuter des combattants derrière les lignes ennemies. Ceci après une mission au cours de laquelle cinq avions « Voisin 10 » devaient déposer un commando dans les Ardennes. Non sans difficulté. En effet, trois avions dans l’impossibilité d’atterrir avaient fait demi-tour, le quatrième était tombé en panne, le dernier avait réussi son atterrissage mais, repéré par une patrouille ennemie, il fut volontairement incendié par son équipage.
Aussi, en octobre 1918, le commandant Evrard obtint de l’état-major qu’un détachement de sapeurs du génie soit entraîné au parachutisme afin d’effectuer une mission de sabotage, à nouveau dans les Ardennes.
Munis de moyens de transmission et d’explosifs, les sapeurs avaient pour objectif de détruire une voie ferrée, une centrale et des installations électriques. Mais la progression des troupes alliées, plus rapide que prévu, annula la mission.
En 1935 l’idée est reprise peu de temps avant la création de l’école de parachutistes de la base aérienne d’Avignon-Pujaud. A l’Etat-major, on évoque l’idée de « transporter par avion chez l’ennemi un petit détachement de destruction : un noyau de sapeurs avec 150 kg d’explosif et un élément d’infanterie de protection aussi réduit que possible ».
En fait, les premiers exploits mettant en valeur la spécificité génie et les sapeurs au sein des troupes d’assaut par la troisième dimension ont été réalisés cinq années plus tard.
C’est en effet le 10 mai 1940 que les sapeurs parachutistes allemands, équipés d’explosifs à charge creuse, s’illustrèrent par la magistrale prise du fort d’Eben-Emael par un enveloppement vertical sur le canal Albert en Belgique dans la province de Liège.
Afrique Française du Nord – Algérie, Maroc (1946/1949)
Reconstitué à partir du 91e Bataillon du génie (BG), qui en mars 1945 était en mission sur le front de l’Atlantique au sein de la 25e Division d’infanterie, le :
17e Bataillon du génie (BG)
est recréé le 1er août 1946 à la caserne Lemercier, à Hussein-Dey, en Algérie. Il est à composantes aéroportées.
En effet, en novembre 1945 la 25e Division d’infanterie devient une unité aéroportée et se nommera l’année suivante 25e Division aéroportée (DAP).
C’est ainsi que le 17e Bataillon du génie constitua dès sa création en Algérie l’élément « génie parachutiste » de cette Division.
17e Bataillon du génie de la 25e Division aéroportée (DAP), classe 1946/2, Hussein- Dey (Algérie)
Les réorganisations successives des structures aéroportées forment à Hussein-Dey :
– en novembre 1946, le :
Génie divisionnaire de la 25e Division aéroportée (DAP), regroupant les Compagnies n° 17,
– en septembre 1948, le:
Groupement du Génie n° 17 du Centre des spécialités aéroportées (CSAP),
Ces restructurations conduisent en février 1949 à la création à Hussein-Dey du :
17e Bataillon du génie aéroporté (BGAP)
Le 2 mars 1949, le 17e BGAP quitte l’Afrique française du nord. Il est transféré en métropole à la caserne Banel de Castelsarrasin, dans le département du Tarn-et- Garonne, par regroupement de sa compagnie de commandement 17/9 et de ses trois compagnies de combat :
– 17/9 et 17/1 basées en Algérie (respectivement à Hussein-Dey et à Bougie),
– 17/2 basée au Maroc (successivement à Marrakech, Safi, Port-Lyautey),
– 17/3 créée en 1947 à Mont-de-Marsan, dans le département des Landes.
Extrême-Orient – Indochine, Corée (1947/1955)
Dès lors, c’est de la caserne Banel de Castelsarrasin que le 17e Bataillon du génie aéroporté alimente ses sections intervenant en Indochine.
Auparavant, le Groupement léger aéroporté (GLAP) ayant été formé à Sétif en juillet 1948, c’est à partir de l’Algérie qu’une section de sapeurs parachutistes du Groupement du génie n° 17 du Centre des spécialités aéroportées est engagée en Extrême Orient.
Cette section participe, à partir de Hanoï, aux nombreuses opérations aéroportées, terrestres et amphibies menées dans le delta du Tonkin, en moyenne et haute régions : « Valentine », « Ondine », « Pégase » (au cours de laquelle la section perd son chef, le lieutenant Meyran), « Parasol », « Diane 1 et 2 », « Parha », « Pomone 1 et 2 », « Bastille », « Canigou », « Junon » en Annam, « Tombeau », « Diabolo », « Quadrille », « Albatros »… Elle intervient à Nghia Do, Dong Khé, Cao Bang. « …Unité infatigable qui, formée d’une élite de combattants spécialisés (…), s’est avérée un instrument puissamment efficace par les coups portés au potentiel de guerre rebelle… » (extrait de la citation à l’ordre de l’Armée du 23 novembre 1950). La croix de guerre des théâtres d’opérations extérieures avec palme est attribuée à la section du Groupement du génie aéroporté n° 17 devenue, en février 1949, 1ère section de la 1ère compagnie du 17e Bataillon du génie aéroporté de la Base aéroportée nord (BAPN) à Hanoï.
A partir d’octobre 1950, la 2e section de sapeurs parachutistes de relève (Base aéroportée nord à Hanoï) du 17e Bataillon du génie aéroporté contribue avec la même densité aux opérations menées au Tonkin et en Annam jusqu’en août 1952. Après avoir participé à l’opération « Phoque », être intervenu à Thaï Nguyen, Thaï Binh, les sapeurs parachutistes combattent à Vinh Yen, Mao Khe dans le massif de Dong Trieu, lors de la bataille du Day. Ils sont engagés dans les opérations « Citron », « Mandarine », « Amande », « Lotus »… Ils interviennent à Quang Tri en Annam, sur l’ile de Myzai, à Nhioc Xuc, Nam Dinh, Song Toï…
Parallèlement, une section de sapeurs parachutistes créée dès 1947 appartient au 61e Bataillon colonial du génie implanté à Saïgon. Ce bataillon a été formé en 1945 à partir de deux compagnies du 17e Régiment colonial du génie. La section parachutiste s’illustre le 9 octobre 1947 en sautant sur Bac Kan avec le 1er Bataillon parachutiste de choc lors de l’opération « Léa », puis à La Hien dans le cadre de l’opération « Ceinture ». En 1948 la section participe aux opérations dans le Delta, à Dong Trieu, Luc Nam, au Bavi, sur la route coloniale RC4. En fin d’année, ses sapeurs parachutistes rejoignent le Groupement du génie n° 17 du Centre des spécialités aéroportées.
A partir de 1948, une section de sapeurs parachutistes basée à Saïgon appartient au 71e Bataillon colonial du génie. Elle est rattachée en 1949 à la Base aéroportée sud (BAPS) à Saigon. Elle se distingue particulièrement en Cochinchine, dans la Plaine des Joncs, ainsi qu’en Sud-Annam, participant aux opérations « Huron », « Caïbe », « Dragon », « Jonquille ». En 1952 les sapeurs parachutistes sautent au Tonkin, à Santay, Hoa Binh, Nam Dinh, Sam Neua pour l’opération « Noël », au Nord-Laos dans la Plaine des Jarres, et contribuent à l’évacuation du camp retranché de Na San en août 1953. Cette section deviendra deux mois plus tard l’un des éléments constitutifs de la 17e Compagnie parachutiste du génie (CPG).
En effet, au cours du quatrième trimestre 1953, le corps de bataille viet-minh prépare son offensive générale vers le Laos à travers la Haute région. Le génie aéroporté d’Indochine est alors regroupé en une seule unité.
C’est ainsi qu’à Hanoï la 17e Compagnie parachutiste du génie (CPG) est créée le 28 octobre 1953.
Elle est constituée à partir de la 3e section du 17e Bataillon du génie aéroporté de la Base aéroportée nord (BAPN) à Hanoï, de sa section de garde et d’appui, et de la section parachutiste du 71e Bataillon colonial du génie de la Base aéroportée sud (BAPS) de Saïgon.
La 17e Compagnie parachutiste du génie est aux ordres du capitaine du Boucher, précédemment à la tête de la 3e section du 17e Bataillon du génie aéroporté, section de relève créée en août 1952 qui s’était illustrée lors de l’opération « Lorraine » à Phu Doan le 9 novembre 1952, à Na San dans les combats du camp retranché en décembre 1952, au cours de l’opération « Hirondelle » à Lang Son le 17 juillet 1953, et dans le delta du Tonkin. Cette section comportait un quart de légionnaires parachutistes.
Le 20 novembre 1953, dans le cadre de l’opération aéroportée « Castor », la 17e Compagnie parachutiste du génie fait partie de la première vague et saute sur Dien Bien Phu. Dès l’atterrissage, les unités sont accrochées par des éléments viet-minh. Au cours des affrontements, la 17e CPG perd deux sous-officiers. La zone étant sécurisée, un bulldozer est largué sur la position afin de livrer dès le lendemain une zone de poser pour Morane, puis d’effectuer la remise en état de la piste d’aviation construite au cours de la Seconde Guerre mondiale par les Japonnais.
En trois jours et trois nuits, la 17e CPG rétablit cette piste et dès le 25 novembre, avec une semaine d’avance sur les prévisions, le premier Dakota se pose dans la cuvette de Dien Bien Phu.
Ainsi le retrait des unités parachutistes de l’opération « Castor » peut s’effectuer et leur relève se fera progressivement par des unités aérotransportées depuis Hanoï.
Des éléments de la compagnie participent à l’opération « Atlante-Aréthuse » à partir du 8 janvier 1954. Les sapeurs parachutistes débarquent en première vague à Tuy Hoa avec le 2e Bataillon étranger de parachutiste et le 1er Bataillon de parachutistes vietnamien. La mission a pour objectif de créer une tête de pont en zone viet-minh au sein de laquelle les opérations de nettoyage se poursuivront jusqu’au 29 janvier.
La 17e Compagnie parachutiste du génie est en outre chargée à partir du 14 mars 1954, jour après jour, de l’ouverture et du déminage de la route coloniale RC5 reliant Hanoï à Haï Phong et de la voie ferrée Haï Duong – Hanoï.
Fin mars 1954, les sapeurs parachutistes ont pour mission de dépièger la route coloniale RC19 et ses abords d’Ankhe à Pleiku.
En mai 1954, ils interviennent à Dao Vien et sur la route de De Cau avec le 5e Régiment étranger d’infanterie.
En juin et juillet 1954, ils prennent part aux opérations du Groupement aéroporté n° 1 avec le 1er Bataillon de parachutistes coloniaux et le 1er Bataillon de parachutistes vietnamiens.
Six mois auparavant, la 3e Compagnie du génie aéroporté vietnamien (CGAPVN) est créée, le 1er janvier 1954 à Hanoï, avec le soutien de la 17e Compagnie parachutiste du génie (CPG).
La 3e CGAPVN constitue l’élément génie parachutiste du 3e Groupement aéroporté vietnamien auquel sont rattaché les Bataillons de parachutistes vietnamiens (BPVN). Aux ordres du Capitaine Cramont, adjoint du Capitaine du Boucher, la 3e CGAPVN est commandée, formée et encadrée par des officiers et sous-officiers sapeurs parachutistes détachés de la 17e Compagnie parachutiste du génie.
En mai 1955, la 3e Compagnie du génie aéroporté vietnamien est mise à disposition de l’Etat du Vietnam qui deviendra en octobre 1955 la République du Vietnam (Sud- Vietnam).
La même année, la 17e Compagnie parachutiste du génie est rattachée à la Base aéroportée d’Extrême-Orient à Saïgon.
Au terme de la guerre d’Indochine, la 17e Compagnie est dissoute le 30 juin 1955 et ses éléments rejoignent le 17e Bataillon du génie aéroporté à la caserne Banel de Castelsarrasin.
Ainsi, dès 1947, la spécificité et les savoir-faire du génie aéroporté furent reconnus en Indochine. Son indispensable appui conduisit le commandement à engager constamment et avec efficacité ses sapeurs parachutistes. Ils tinrent leur place et justifièrent leur emploi dans l’esprit de bravoure et d’abnégation commun à ces nouveaux soldats d’élite qui « descendus du ciel découvraient l’enfer ».
On ne peut clore ces premiers pas marqués d’éclat, d’audace et de rigueur sans évoquer tous ceux qui, de retour d’Indochine, se portent volontaires en 1950 et 1951 pour servir au célèbre Bataillon Français de l’ONU en Corée, unité rattachée au 23e Régiment de la 2e Division d’infanterie des Etats-Unis, la mythique « Indianhead« .
Les sapeurs parachutistes sont affectés aux compagnies de combat du « Bataillon de Corée » et principalement à la section des pionniers aux missions spécifiques : interventions en avant des lignes alliées et à l’intérieur des lignes chinoises et nord-coréennes, patrouilles de longue durée et coups de commando, soutien aux chars, destruction et construction de fortifications de campagne, minage, déminage…
Au sein de ce bataillon, les sapeurs parachutistes se distinguent sans exception. Ainsi le 6 octobre 1952, face aux vagues d’assaut chinoises, ils font une fois de plus preuve d’héroïsme sur Arrowhead, à l’exemple d’un des leurs qui, à court de munitions, exhorte ses hommes par un ordre sans ambiguïté :
« … maintenant les gars, on se bat à la française ! », avant d’être submergé par le nombre.
Algérie (1954/1962)
Le 1er novembre 1954, la « Toussaint rouge » (ou « Toussaint sanglante ») marque le début des « évènements » d’Algérie. Soixante-dix attentats ont lieu en une trentaine de points du territoire algérien, particulièrement dans les Aurès et en Kabylie.
Les sapeurs parachutistes du 17e Bataillon du génie aéroporté (BGAP) basé à la caserne Banel de Castelsarrasin sont immédiatement envoyés dans les départements d’Algérie française.
Ainsi à partir des compagnies de combat 17/1 et 17/3 du 17e BGAP, deux compagnies opérationnelles du génie aéroporté seront créées (60e et 75e), unités formant corps et organiques des deux divisions parachutistes d’Algérie (respectivement de la 10e et la 25e DP créées en 1956). Ce sont donc les :
60e et 75e Compagnies du génie aéroporté (CGAP)
Le 17e Bataillon du génie aéroporté (BGAP) alimente en sapeurs parachutistes les deux compagnies d’Algérie et devient en 1958 le :
Centre d’instruction du génie aéroporté n° 17 (CIGAP 17)
Basé à la caserne Banel de Castelsarrasin où les personnels se forment, se qualifient et s’entraînent avant de rejoindre en Algérie la 60e ou la 75e CGAP, le CIGAP 17 comprend une Compagnie de commandement et de service (17/CCS) et une Compagnie d’instruction (17/CI).
Ainsi, de 1954 à 1962, les sapeurs parachutistes issus du 17 participent en Afrique française du nord aux opérations de leur division et assurent un large éventail de missions spécialisées essentielles.
Leurs engagements à hauts risques sont permanents et couvrent la totalité du territoire algérien :
– reconnaissance et ouverture d’itinéraires avec opérations de déminage, dépiégeage et destruction d’engins explosifs ; accompagnement et protection d’unités ; participation aux opérations interarmes et d’assaut, ratissage et embuscades ; protection de points stratégiques et de fermes isolées ; investissement, fouille, réduction de sites, de refuges souterrains, de grottes et caches occupés par les rebelles ; destruction de puits et de galeries de mines servant de dépôts d’armes et de munitions ou de réserves de vivres ; mise en place de mesures antiterroristes ;
– création d’aires de poser d’aéronefs (hélicoptères, avions légers) ; reconnaissance de la vulnérabilité de ponts et tunnels ; réalisation ou rétablissement de pistes opérationnelles et de surveillance ; création de points d’appui ; construction de postes radar et de postes électriques ; construction et réparation de réseaux électrifiés sur le barrage algéro-tunisien…
Egypte (Suez 1956)
En 1956, en Egypte, la 60e Compagnie du génie aéroporté (CGAP) est engagée dans l’opération franco-britannique sur le canal de Suez, dans ses deux composantes, amphibie et aéroportée à Port Saïd, Port Fouad, El Raswa.
Tunisie (Bizerte 1961/62)
En 1961, en Tunisie, la 60e CGAP participe aux combats de dégagement de la base navale militaire française et du quartier européen de Bizerte investis par l’armée tunisienne notamment à Sidi Abdallah, Sidi Yaya, Sidi Ahmed.
En 1962, prenant la relève de la 60e CGAP, la 75e CGAP devenue 61e CGAP, est à son tour à Bizerte.
Givet (1961/62)
Avec le retour en 1961 des troupes françaises d’Algérie, les méthodes d’instruction des troupes de choc sont reconnues pour leur efficacité notamment en matière d’aguerrissement.
Aussi la 61e CGAP rentrant d’Algérie intervient au Fort de Charlemont à Givet dans le département des Ardennes afin de procéder à la conception, à la création et à la mise en activité du premier Centre d’entraînement commando (CEC) français au profit de la 11e Division légère d’intervention (11e DLI). Cette nouvelle Division parachutiste créée en 1961 succède aux 10e et 25e Divisions parachutistes d’Algérie dissoutes.
En 1962 la Section de base de la 61e CGAP devient Centre d’entraînement commando de la 11e DLI.
Objectif « Centre Europe », Afrique (1963/1978)
Après le cessez-le-feu en Algérie et le retour des unités en métropole, il est créé le 1er janvier 1963 à Castelsarrasin le :
17e Régiment du génie aéroporté (RGAP)
Ainsi, de l’Extrême-Orient à l’Afrique du nord, à la suite des guerres d’Indochine, de Corée et d’Algérie, c’est la première fois depuis quatorze ans que les sapeurs-parachutistes se retrouvent au complet dans leur caserne Banel de Castelsarrasin.
Cette caserne leur avait été attribuée en 1949 avec l’arrivée du 17e Bataillon du génie aéroporté (BGAP) en provenance d’Afrique du Nord (Algérie, Maroc) où il avait été créé, et dont une section intervenait déjà en Indochine.
En 1963 le 17e RGAP est formé à partir des deux compagnies du génie aéroporté de retour d’Algérie (60e et 61e CGAP) et des personnels du Centre d’instruction du génie aéroporté n°17 (CIGAP 17) de Castelsarrasin.
La 60e redevient la 1ère compagnie de combat (17/1) et la 61e constitue la 2e compagnie de combat (17/2) du régiment. Un Etat-major (17/EM), une compagnie de commandement et des services (17/CCS), une compagnie d’instruction (17/CI) et une troisième compagnie de combat (17/3) sont constitués.
Le régiment est ainsi complètement structuré.
Il peut pleinement faire profit :
– de sa vaste zone technique « génie » de La Valette au sein de laquelle il a établi le centre régimentaire de formation et d’entraînement parachutiste doté de sa tour de saut de 18 m (construite en éléments de pont Bailey),
– de l’aérodrome de Castelsarrasin,
– de la zone de saut de Gandalou,
– de son Ecole des ponts et de navigation (EDP) sur le Tarn,
– de son champ de tir et d’entraînement de Cordes-Tolosannes situé au bord de la Garonne,
– et du camp de manœuvre de Caylus.
Les sapeurs-parachutistes complètent leur formation à l’école des troupes aéroportées (ETAP) à Pau (Pyrénées-Atlantiques).
Ils se forment par ailleurs au Centre d’entraînement à la montagne (CEM) de Barèges (Hautes-Pyrénées) aux déplacements et aux combats en haute montagne, été comme hiver .
La conception et la réalisation de la piste de risque du CEM seront confiées aux sapeurs paras du 17.
En 1965, complémentairement à « l’historique » Banel, une seconde caserne vaste et fonctionnelle, où sont transférés le poste de commandement, la compagnie de commandement et des services, et les trois compagnies de combat, est construite à proximité immédiate de la zone technique de La Valette.
En pleine «guerre froide», fort des enseignements des crises de Berlin (1961) et de Cuba (1962) et dans l’hypothèse d’un engagement sur le théâtre «Centre Europe» face à la menace des forces du Pacte de Varsovie, de nouvelles missions, en plus de celles traditionnelles du génie aéroporté, sont confiées au 17 :
– Création de bases de départ pour action rapide sur les arrières de l’ennemi,
– Prises de gage territorial (prise de territoire revendiqué par deux parties),
– Combat antichar retardateur,
– Protection et emploi de moyens NBC (nucléaire, biologique, chimique).
L’Inspection des troupes aéroportées envisage en outre de confier au génie aéroporté l’utilisation de charges nucléaires tactiques et d’en faire l’une de ses spécialités.
D’autres spécialités innovantes apparaissent au sein du 17e RGAP, ainsi :
– l’équipe des chuteurs opérationnels préfigure déjà le futur programme de la Section de reconnaissance et d’action spécialisées (SRAS), puis le Commando de recherche et d’actions en profondeur (CRAP), aujourd’hui le Groupe des commandos parachutistes (CGP 17),
– les plongeurs de la Section d’aide au franchissement annoncent le Détachement d’intervention nautique (DIN) et la Section nautique d’intervention offensive (SNIO), aujourd’hui le groupe des Plongeurs de combat du génie (PCG 17).
Par ailleurs, le régiment conserve sa Section lance-flammes.
Mais l’orientation et la priorité données au théâtre « Centre Europe » n’empêchent pas le 17eRGAP d’intervenir de 1967 à1970 en Afrique, sur le Territoire français des Afars et des Issas à Djibouti, Arta, Dikhil, Loyada, au Gabon, au Tchad, et au Biafra.
En 1970, une compagnie du 17 est projetée en urgence en Martinique afin de rétablir les voies de communication et les ponts détruits par le cyclone « Dorothy ».
Mais suite à une restructuration générale de la division parachutiste, le 17e RGAP est dissous le 30 juin 1971.
Cependant il subsiste les 1ère et 3e compagnies de combat du 17. Celles-ci sont transférées au sein des régiments d’appui de la 11e Division parachutiste, unités devenues interarmes, respectivement au 1er Régiment de hussards parachutistes à Tarbes (2e Brigade parachutiste) et au 35e Régiment d’artillerie parachutiste à Auch (1ère Brigade parachutiste).
Au sein de ces unités les sapeurs parachutistes, qui interviendront au Tchad, conserveront leurs missions et leurs traditions « génie aéroporté ».
Cette organisation ne dure que trois ans.
En effet, dès le 1er juillet 1974, le commandement recrée le 17e RGAP, dans sa totalité et dans ses spécialités, afin de faire face aux opérations extérieures pour lesquelles les sapeurs parachutistes, aux qualifications indispensables et multiples, sont très sollicités.
En outre, la formule des régiments homogènes, à l’esprit de corps affirmé, apparaît plus rationnelle et efficace que des unités interarmes.
Ainsi le 17e RGAP, dont la nécessité est reconnue pas le commandement et par les unités de la division parachutiste, renaît et s’installe, non plus à Castelsarrasin, mais au quartier Doumerc à Montauban (Préfecture du Tarn-et-Garonne).
La portion centrale est constituée d’un Etat-major (17/EM), d’une compagnie de commandement et des services (17/CCS), d’une compagnie d’instruction (17/CI) et d’une compagnie d’appui (17/CA).
Pour leur part, les deux compagnies de combat de sapeurs parachutistes (de Tarbes, redevenue 17/1, et d’Auch, désormais 17/2) font d’abord mouvement vers la caserne Banel de Castelsarrasin avant de rejoindre l’année suivante le quartier Doumerc à Montauban, que le régiment ne va pas cesser de moderniser et de développer, notamment en créant de nouvelles zones techniques.
Le 17e Régiment du génie aéroporté (17e RGAP) reconstitué reprend et développe la diversité de ses missions génie aéroporté toujours principalement axées sur l’engagement « Centre Europe ».
Il perfectionne notamment ses missions d’assaut et de commandos, coopère avec les formations aéroportées des armées alliées, tout en participant à des manœuvres et opérations en Afrique.
Ainsi, à nouveau, le 17 intervient au Gabon, à Djibouti, au Tchad, et c’est le 27 mars 1978 que le régiment prend son actuelle appellation :
17e Régiment du génie parachutiste (17e RGP)
Sur les cinq continents, aux quatre coins du monde (1978/….)
A partir de 1975, les nombreux bouleversements géopolitiques et les nouveaux rapports de force dans le monde orientent désormais, et de plus en plus, les actions du 17e RGP vers les théâtres d’opérations extérieures.
Ainsi, à partir de 1978 et jusqu’à ce jour, le 17 sera présent sans discontinuer sur tous les théâtres opérationnels où l’Armée française sera projetée, dans l’urgence, aux quatre coins du monde :
- au Proche et Moyen Orient : au Sud Liban, puis à Beyrouth où le régiment va servir durant vingt mandats successifs, au Kurdistan turc et irakien ; au Pakistan ; en Afghanistan ; dans le Golfe persique au Koweït ; dans la péninsule arabique en Arabie saoudite ;
- en extrême Orient, au Cambodge ;
- en Afrique : à Djibouti, au Tchad, en République Centre Africaine, au Gabon, au Togo, en Somalie, au Rwanda, au Congo, en Côte d’Ivoire, au Cameroun, au Bénin, au Sénégal, au Mozambique, en Mauritanie, au Mali, dans la bande Sahélo-saharienne ;
- dans les Balkans : en ex-Yougoslavie, en Bosnie-Herzégovine, au Kosovo, en Macédoine, en Albanie ;
- dans les départements et territoires français d’Outre-Mer : en Guadeloupe, en Martinique, en Guyane, à la Réunion, à Mayotte, en Nouvelle-Calédonie, en Polynésie.
Le 17e RGP fait aujourd’hui partie de la 11e brigade parachutiste (qui succéda à la 11e division parachutiste en 1999) au profit de laquelle il assure, partout dans le monde, toutes les missions spécifiques du génie d’assaut parachutiste dans un cadre d’emploi aéroporté, héliporté et mécanisé, notamment le franchissement d’assaut, la reconnaissance dans la profondeur, l’aide au déploiement ainsi que les opérations de déminage et de dépollution (munitions, obus, engins explosifs…).
Vidéo historique du 17e RGP de 1870 à 1970
Vidéo « Démineur de l’espoir »