SAINT-MICHEL, patron des parachutistes
« Le premier guerrier venu du ciel »
Selon l’Apocalypse de Saint-Jean, l’Archange Michel fut chargé d’écraser la révolte des mauvais anges et de les expulser du Paradis pour être jetés dans la géhenne, au feu qui jamais ne s’éteindra …
Cet exploit rendit SAINT-MICHEL très populaire parmi les Chrétiens qui l’invoquèrent contre le démon, le dragon, l’antique serpent, le diable, le Satan, Belzébuth ou Lucifer. On lui dédia des sanctuaires en tous pays, et plus de deux cents communes françaises portent son nom.
L’Archange « propugnator » (« qui combat, défend, soutien, protège« ), est donc descendu du ciel à la tête de ses milices célestes pour combattre.
Ainsi, étant considéré comme le premier guerrier venu du ciel, son culte s’associa naturellement à la mission combattante et aéroportée des parachutistes.
Certains rappellent d’ailleurs ce passage de l’Apocalypse :
« Il se fit un silence dans le ciel lorsque l’Archange Michel combattait le dragon ». Ce silence qui marque tant les parachutistes dès l’ouverture de leur parachute…
Saint-Michel est fêté le 29 septembre.
De la France libre à l’Indochine
Au cours de la deuxième guerre mondiale c’est en Angleterre, du cœur d’un parachutiste français anonyme, que l’idée du patronage de Saint-Michel a d’abord jailli. Puis un aumônier remit des médailles bénies de Saint-Michel aux parachutistes du 2e S.A.S (Spécial Air Service) qui s’apprêtaient à sauter sur le sol de la Patrie pour aider à organiser la Résistance. Ces médailles de forme ronde, outre l’Archange Saint-Michel, représentaient au revers Sainte-Jeanne d’Arc.
Dans une France occupée, elles devinrent le signe secret de reconnaissance entre parachutistes S.A.S.
Et, le destin voulut que ce soit de part et d’autre du Mont Saint-Michel que furent largués en Normandie et en Bretagne les paras par milliers qui déclenchèrent en 1944 la grande bataille de France.
Selon la Congrégation des rites de 1630, un «Saint-Patron» se doit d’être choisi par les intéressés. C’est donc l’option des anciens qui authentifie la tradition. Dans cet esprit, l’Aumônier du Corps Franc de l’Air VALIN de la VAISSIERES proposa en février 1945 que Saint-Michel deviennent officiellement le patron des parachutistes qui, selon le Père JEGO, Aumônier du 3ème Bataillon du 1er Régiment de chasseurs parachutistes, est «celui qui dirige nos combats, nos combats intérieurs et extérieurs, les luttes de notre vie d’homme».
Ainsi partout et de plus en plus, Saint-Michel fut invoqué, notamment en décembre 1946 en Algérie, en la cathédrale de Bône, avant le départ des premiers parachutistes pour l’Indochine.
En 1948, lors de la messe célébrée en la cathédrale de Hanoï, le père JEGO, après avoir béni les fanions au nom de Saint-Michel, conclut son homélie par une vibrante acclamation qui depuis se perpétue et termine traditionnellement tous les discours des chefs parachutistes :
« Et par Saint-Michel, vivent les parachutistes ! »
Le 13 février 1949 dans cette même cathédrale de Hanoï drapée de parachutes multicolores, devant un vaste auditoire d’autorités civiles, militaires et religieuses et en présence d’un très grand nombre de parachutistes et de civils, le choix du Saint Patron fut réaffirmé et commenté.
Et le 29 septembre suivant, jour de la fête de Saint-Michel, partout où se tenaient des unités parachutistes, eut lieu « La Saint-Michel ».
Sous l’impulsion du Père CASTA, Aumônier principal des Troupes aéroportées d’Indochine, Saint-Michel était désormais le Saint Patron adopté par les Parachutistes, et il le fut par toutes les générations qui suivirent. Au-delà du sens religieux, on s’aperçut que même les paras qui n’étaient pas croyants, ou qui observaient une religion différente, se référaient à Saint-Michel (comme ils se rapportaient aussi à la « Prière » d’André ZIRNHELD).
Ainsi le 29 septembre de chaque année, à la suite de la messe de la Saint-Michel, les parachutistes organisent partout où ils se trouvent en l’honneur de leur Saint Patron, cérémonies, prises d’armes, dépôts de gerbes, défilés, sauts en parachute, compétitions, vins d’honneur, banquets, réceptions…, réunissant tous les paras, ceux d’hier et d’aujourd’hui…
Saint-Michel, Protecteur de la France
Très tôt les nations chrétiennes se placèrent sous la protection d’un Ange tutélaire.
En France, l’Archange Saint-Michel s’imposa, la tradition faisant remonter cette protection à Anastase II (pape de 496 à 498) à l’occasion de la conversion au christianisme de Clovis 1er, roi des Francs.
Il faut souligner que Michel, le prestigieux, l’invincible, le vainqueur, présente une image éclatante. N’est-il pas le seul a être appelé dans la Bible « l’Archange » (ou « l’Ange en chef »), et son nom a une signification étymologique très particulière. En effet l’hébreu Mika’el dérive de cette question : « Qui donc est comme Dieu ?« .
Les forces auxquelles préside l’Archange sont celles d’équilibrage et d’alignement, de justice et d’ajustement entre le bon et le mauvais, afin de libérer le bien et de transformer le mal.
Saint-Michel maîtrise donc les énergies. Il est un protecteur idéal car, « guerrier » il terrasse le démon, et « prévôt du paradis » il est le « conducteur des morts » et le « peseur des âmes » qui séparera les élus des damnés au jour du jugement dernier. C’est ainsi que Saint-Michel est représenté, dans l’art sacré traditionnel par les peintres et les sculpteurs des écoles classiques, muni d’un glaive (ou d’une lance) et (ou) tenant une balance.
Il est à remarquer que les sanctuaires dédiés à Saint-Michel sont souvent établis sur des sites élevés, à « mi-chemin » entre le ciel et le terre (outre le Mont-Saint-Michel, le Monte Gargano dans les Pouilles, la Sacra di San-Michele dans le Piémont, le Michael’s Mount en Cornouailles, Saint-Michel d’Aiguilhe au Puy-en-Velay, le prieuré de Saint- Michel de Grandmont dans l’Hérault, les chapelles d’Alsace dédiées à Saint-Michel au mont Sainte-Odile à Ottrott et à Saint-Jean de Saverne, sur le tumulus de Carnac en Bretagne, …).
En France, s’il est évoqué à la suite du baptême de Clovis Ier en 496, le recours formel à Saint-Michel remonte au roi Childebert IV (roi des Francs de 695 à 711) sous le règne duquel fut fondé en 708 le sanctuaire du Mont Saint-Michel par Saint-Aubert (selon la tradition l’Archange lui apparut pour lui demander de bâtir sur le Mont Tombe une église en son honneur).
En 802 l’empereur Charlemagne, au faite de sa gloire, y accomplit son pèlerinage. Il fait inscrire sur ses étendards « Sancti Michaelis patronus et princeps Imperii Galliarum » soit « Saint Michel patron et prince de l’Empire des Gaules » et décrète que le 29 septembre sera la fête officielle de l’Empire, date à laquelle se célèbre aujourd’hui encore la Saint-Michel !
Charles VII instaura la messe en 1423 en l’honneur de l’Archange qui, selon la tradition, avait révélé à Jeanne d’Arc : « Je suis Michel, protecteur du royaume de France ».
Ainsi, les rois de France maintinrent le prestigieux patronage et, jusqu’à Louis XIV inclus, ils consacreront leur personne et le royaume de France à l’Archange Saint- Michel.
L’Ordre de Saint-Michel
L’Ordre de chevalerie de Saint-Michel fut fondé en 1469 par Louis XI.
Le siège de l’Ordre était à l’origine fixé en l’Abbaye du Mont Saint-Michel, endroit sacré et hautement symbolique ayant toujours résisté à l’envahisseur anglais.
L’Ordre tirait sa devise du lieu : « Immensi tremor oceani », traduisible par « la crainte de l’immense océan ». Pendant tout le Moyen-Âge le mont fut d’ailleurs couramment appelé « Mont Saint-Michel au péril de la mer« .
Le grand collier d’or de l’Ordre était composé de coquilles entrelacées l’une dans l’autre par des aiguillettes d’or, auquel était suspendue une médaille représentant l’Archange Saint-Michel foulant aux pieds le dragon.
En 1661, sous Louis XIV, une croix portée sur un ruban de soie noir remplace le collier.
Cette croix est à double face en or, à quatre branches anglées de lys d’or terminées par huit points boutonnées. Le centre de chaque branche porte une queue d’aronde d’or ornée d’un motif émaillé vert et bordée d’émail blanc sur l’extérieur. Un médaillon central, sur lequel s’inscrit la devise de l’Ordre, porte sur fond doré l’image de l’Archange terrassant le dragon.
L’Ordre de Saint-Michel sera supprimé en 1791, recréé le 16 novembre 1816 sous Louis XVIII, supprimé à nouveau lors de la révolution de juillet 1830.
La Médaille de Saint-Michel des parachutistes
C’est cette médaille que portent couramment les Sapeurs Parachutistes du 17 à l’intérieur de leur béret rouge.
Elle est inspirée du tableau réalisé en 1518 par Raphaël intitulé « Saint Michel terrassant le démon » ou « Le Grand Saint Michel », œuvre commanditée par le pape Léon X pour être offerte au roi François 1er (conservée actuellement au musée du Louvre à Paris).
Un autre modèle de médaille fut dessiné par le grand maître laqueur PHAN AHO, professeur à l’école d’artisanat du Tonkin, représentant un Saint-Michel, avec des parachutistes sur fond de rizières, un village entouré de bambous, et des aréquiers. La médaille actuelle est l’exacte réplique de celle commandée en 1949 par le Père CASTA, Aumônier principal des Troupes aéroportées d’Indochine.
Elle fut envoyée aux parents de chaque disparu du 1er Bataillon parachutiste de choc lors de combats en 1947 et 1948 en Indochine, notamment à BAC KAN le 7 octobre 1947.
C’est au cours de cette opération aéroportée que furent engagés, pour la première fois en Extrême-Orient, les Sapeurs Parachutistes.
Sur un fond représentant un largage de parachutistes, la médaille montre l’Archange Saint-Michel terrassant le démon.
Sur la bordure de la médaille est gravé :
» Saint-Michel patron des parachutistes protégez-nous dans le combat » .
L’Hymne à Saint-Michel
La mélodie de ce chant de tradition des parachutistes a été empruntée à un très ancien cantique béarnais dédié à « Notre-Dame-du-Bout-du-Pont » (en béarnais « Nouste Dame deü Cap deü Pount »).
Pendant des siècles se trouva au pied du château de Pau, « au bout » du pont, un oratoire dédié à la secourable « Nouste Dame » qui était invoquée avec constance, notamment par les bergers afin de traverser le Gave sans incident, et par les femmes durant leur grossesse.
On pouvait lire aussi cette inscription : « Le pont est périlleux, Et il y a tant des loups- garous, Que le pont ne peut passer nulle âme, Si ne l’aide Notre Dame ».
On comprend donc bien que la vierge était invoquée pour protéger les humains dans les difficiles « passages » de leur vie, qu’ils soient physiques, spirituels ou symboliques.
C’est ainsi que, selon le chroniqueur, le cantique à « Notre-Dame-du-Bout-du-Pont » fut chanté le 13 décembre 1553 au château de Pau par Jeanne d’Albret à l’instant de donner le jour au futur roi Henri IV.
Après avoir fait appel à Notre-Dame, les premières paroles du cantique imploraient : « Adjudat me a d’aqueste ore » (« Aidez-moi à cette heure … »).
L’Hymne à Saint-Michel
Ô, Michel, Ange des paras,
Arme nos cœurs de hardiesse,
Conduis nos pas joyeux
Aux vastes bois tout plein de Dieu,
Guide-nous dans les durs sentiers
Et garde-nous de nos détresses,
Ô, Michel, Ange des paras,
Arme nos cœurs, de hardiesse.
Ô, Michel, Ange chevalier,
Lave nos cœurs de nos rotures,
Fais-nous loyaux et droits
Et valeureux en tes tournois,
Pour servir fais nous être prêts,
Et défend-nous de tout parjure,
Ô, Michel, Ange chevalier,
Lave nos cœurs, dans l’onde pure.
Ô, Michel, Ange des guerriers,
Arme nos cœurs de sainte audace,
Ta main vengea les cieux,
Arrache-nous des camps peureux,
Laisse-nous résolus et fiers,
Sangle nos chairs dans les cuirasses,
Ô, Michel, Ange des guerriers,
Arme nos cœurs, de sainte audace.
Voir aussi la VIDEO « Saint-Michel 2012 au 17e RGP »