Les symboles
Le symbole est une réalité concrète, un signe tangible, manifeste, représentant une idée abstraite ou un principe caché.
A l’origine, le mot « sumbolon » désignait chez les anciens Grecs un objet brisé en deux dont la réunion des morceaux permettait à deux alliés de se faire reconnaître comme étant liés entre eux.
Héritage collectif, les symboles appartiennent à l’humanité. Ils sont une composante constitutive du psychisme humain. Aux origines, ce mode de pensée et de langage était celui des peuples premiers qui procédaient par analogie. Aussi, de tout temps et naturellement, l’humanité s’est servie de symboles pour exprimer sa pensée, sa spiritualité, ses sentiments, ses émotions, et aussi pour protéger des savoirs censés être inaccessibles au « commun des mortels » et seulement compris par des initiés. Ainsi, depuis l’aube des temps, les symboles sont transmis de génération en génération par les mythes, les religions, les légendes, le folklore, les contes, l’art…, et aussi par les conventions, les règles, les codes, les techniques, la culture, les sciences humaines… Aujourd’hui, chacun retrouve leurs prolongements modernes jusque dans le code de la route, la publicité, la signalétique…
Les symboles ont survécu à une représentation uniquement matérialiste et concréte des objets et des évènements, conception née du 19e siècle.
Dans notre domaine militaire, les symboles ont ainsi toute leur part. Eléments de notre identité, de notre appartenance et de notre cohésion, ils sont nombreux, forts, signifiants, et bénéficient d’une transmission fidèle et respectée chargée d’honneur et de fierté.
Aussi le drapeau, les décorations, la fourragère, le brevet parachutiste, le béret rouge et son « bras armé de Saint-Michel », les insignes, les écussons, les saints patrons Saint-Michel et Sainte-Barbe, les chants, l’aigle « Malizia »,… nous font entrer pleinement dans la riche symbolique militaire, et nous ouvrent ici l’histoire et la culture du Génie aéroporté, des Sapeurs parachutistes et du 17e Régiment du génie parachutiste.
NOTRE DRAPEAU
Des unités les plus anciennes (guerre de 1870-71, intervention en Algérie de 1876, expédition de Tunisie en 1881-82, opérations au Maroc de 1912 à 1920, Grande guerre de 1914-18) jusqu’à l’actuel 17e Régiment du génie parachutiste, les formations de l’Arme du Génie portant le numéro « 17 » ont possédé leur fanion ou leur drapeau à l’exception du 17e Régiment colonial du génie créé en 1944 (voir ci-dessous).
Ainsi en 1870, sous le second Empire, se déclenche la guerre franco-prussienne. Les premières compagnies du génie n° « 17 » apparaissent. Elles sont employées intensivement à la défense de Paris, en avant de Saint-Denis et du Mont-Valérien. Elles participent aux combats du Bourget, établissent des ponts sur la Marne, prennent part à la bataille de Champigny. On les retrouve au fort de l’est à Saint- Denis et au Bourget, au plateau d’Avron et au fort de Rosny. Début 1871 elles prennent part à la bataille de Buzenval.
A partir de 1876 et la création du 17e Bataillon du génie, les sapeurs du 17 sont en Algérie.
En 1881 ils participent à l’expédition de Tunisie. De 1912 à 1920 ils interviennent au Maroc.
Au cours de la Grande guerre vingt-trois compagnies portent de 1914 à 1918 le numéro du 17e Bataillon du génie. Elles participent à la plupart des grandes batailles et combattent dans les Ardennes belges, sur la Marne, en Champagne, en Artois, à Verdun, sur l’Aisne, dans les Flandres, sur l’Oise, dans la Woëvre…
Faisant suite à la victoire de 1918, le 17e Régiment du génie, formé en 1923, comporte deux bataillons. L’un stationne à Strasbourg, le second à Biebrich en Allemagne. Le 17 reçoit son drapeau début 1924.
Celui-ci sera reversé en novembre 1928 au musée de l’armée lors de la dissolution du régiment qui devient, par changement de numéro, le 1er Régiment du génie.
En juin 1940, des compagnies n° 17 de sapeurs-mineurs combattent, notamment au nord de la vallée de la Bresle dans l’Oise. Le 17e Bataillon du génie, recréé le 1er août 1940 à Castelsarrasin (Tarn-et-Garonne), deviendra par la suite le 5e puis le 3e Bataillon du génie.
Le 1er mars 1944 au Maroc, le 17e Régiment colonial du génie est créé notamment à partir du 72e Bataillon du génie et du 17e Régiment de tirailleurs sénégalais.
En ces temps de guerre, le 17e Régiment colonial du génie ne reçoit pas son drapeau mais il hérite de celui du 17e Régiment de tirailleurs sénégalais qu’il vient d’incorporer.
Ce drapeau porte dans ses plis l’inscription « Levant 1920-1927 ». Le 17e Régiment colonial du génie le conservera avec fierté toute la durée de son existence au cours des campagnes de France et d’Allemagne.
A la dissolution du 17e Régiment colonial du génie en 1945, le drapeau est reversé au musée de l’armée sans que soient inscrits dans ses plis les noms des batailles victorieuses auxquelles le régiment participa.
En 1946, le 17e Bataillon du génie de la 25e division aéroportée
– devient Génie divisionnaire de la 25e division aéroportée regroupant les compagnies 17,
– puis en 1948, Groupement du génie n° 17 du Centre des spécialités aéroportées,
– et en 1949, 17e Bataillon du génie aéroporté (BGAP), tous quatre successivement créés en Algérie à Hussein-Dey, sont dotés chacun d’un fanion.
Transféré en 1949 à Castelsarrasin (Tarn-et-Garonne), le 17e BGAP reçoit officiellement son fanion dans cette ville, celui-ci étant offert par la municipalité castelsarrasinoise (voir photo ci-dessus).
En 1953, la 17e Compagnie parachutiste du génie (CPG) est créée en Indochine. Cette unité, qui succède au cinq sections de Sapeur Parachutiste d’Indochine, reprend le fanion de la 3e section du 17e Bataillon du génie aéroporté de la Base aéroportée nord (BAPN) à Hanoï. Ce fanion a une particularité. L’avers présente les couleurs « rouge et noir » du Génie aéroporté et le revers est aux couleurs « vert et rouge » de la Légion étrangère. En effet la 3e section d’Indochine du 17e BGAP, incorporée à la 17e CPG, comprenait un quart de légionnaires parachutistes.
En 1958, le Centre d’instruction du génie aéroporté n° 17 (CIGAP 17) de Castelsarrasin est créé et reçoit son fanion. Le CIGAP 17 a pour mission de former les sapeurs parachutistes destinés aux deux compagnies du génie aéroporté issues du 17e BGAP et combattant en Algérie : les 60e et 75e Compagnies du génie aéroporté (CGAP). Ces deux unités font corps et possède chacune leur fanion.
En 1963, après la guerre d’Algérie et regroupement des unités du génie aéroporté en métropole, le 17e Régiment du génie aéroporté (RGAP) est formé à partir de ces unités le 1er janvier 1963 à la caserne Banel de Castelsarrasin où le 17 est basé depuis 1949 (suite au transfert d’Afrique du Nord la même année du 17e Bataillon du génie aéroporté). Ainsi à partir de 1949, ce fut de la caserne Banel que les sapeurs parachutistes du 17 partirent combattre en Indochine, en Corée, et en Algérie.
Dans l’attente du drapeau du 17e Régiment du génie aéroporté, le Général de Nadaillac, commandant l’Ecole d’application du génie (EAG) d’Angers, confie le 30 septembre 1963 au 17 le drapeau du « Génie d’Extrême-Orient ».
C’est le 24 juin 1964, au cours d’une prise d’armes sur l’aérodrome de Gandalou de Castelsarrasin, que le Chef de corps, le Lieutenant-colonel Pantalacci, reçoit le drapeau du 17e Régiment du génie aéroporté des mains du Général Labouérie, inspecteur du génie, en présence du Général de Guillebon, commandant la Ve Région militaire, et du Général Boussarie, commandant la 11e Division d’intervention.
Sur les soies du drapeau est portée l’inscription « Germersheim 1945 », l’un des hauts faits d’armes du 17e Régiment colonial du génie.
Reversé en 1971 au musée de l’armée à la dissolution du 17e Régiment du génie aéroporté, le drapeau est rendu au régiment lors de sa renaissance en 1974 à Montauban.
C’est le Général Favreau, Inspecteur du génie et ancien du 17, qui remet le drapeau au Lieutenant-colonel Martin, Chef de corps, en présence de ses prédécesseurs et de nombreux anciens d’Indochine, de Corée et d’Algérie.
Dans son ordre du jour, le Général Favreau, déclare : «Je vais ainsi redonner à votre régiment une âme. Il faut que vous lui restiez fidèles, que vous serviez dans l’honneur et la dignité. Qu’au milieu de l’élite que représentent les paras, vous soyez l’élite des sapeurs de combat. Qu’à l’audace, au goût du panache et du risque, qui sont des vertus paras, vous ajoutiez les qualités d’imagination, les connaissances techniques et le sens du service qui caractérisent les sapeurs. Je souhaite une longue vie au 17e régiment retrouvé».
En 1978, le 17e Régiment du génie aéroporté (RGAP) prend l’appellation 17e Régiment du génie parachutiste (RGP).
Le drapeau actuel du 17e Régiment du génie parachutiste est décoré de la :
Croix de guerre 1939-1945 avec étoile de vermeil
Croix de la valeur militaire avec trois palmes, étoile de vermeil et étoile de bronze
Fourragère de la valeur militaire
Médaille d’honneur de bronze pour acte de courage et de dévouement
Dans ses plis sont inscrits en lettres d’or les mots
« Honneur » et « Patrie »
ainsi que le numéro « 17 » de l’arme du « Génie » et « Parachutiste »
qui spécifient notre régiment, unique unité parachutiste du génie de l’armée de terre
Le drapeau porte les inscriptions:
GERMERSHEIM 1945
AFN 1952-1962
Les fanions des 1ère, 2e et 3e compagnies de combat du 17e Régiment du génie parachutiste sont décorés :
2e compagnie de combat
Croix de guerre des théâtres d’opérations extérieures avec palme
1ère compagnie de combat
Croix de guerre des théâtres d’opérations extérieures avec étoile de vermeil
3e compagnie de combat
Croix de guerre des théâtres d’opérations extérieures avec étoile de vermeil
Le régiment
Croix de guerre 1939 – 1945
avec étoile de vermeil
Croix de la valeur militaire
avec 3 palmes, étoile de vermeil et étoile de bronze
Médaille d’honneur de bronze pour
acte de courage et de dévouement
Les compagnies
Croix de guerre des théâtres
d’opérations extérieures avec palme
Croix de guerre des théâtres d’opérations extérieures avec étoile de vermeil
Croix de guerre des théâtres d’opérations extérieures avec étoile de vermeil
1ère section / 17e bataillon du génie aéroporté BGAP
section génie para du groupement léger aéroporté GLAP
(Indochine)
Croix de guerre des théâtres
d’opérations extérieures avec palme
NOTRE FOURRAGÈRE
La Fourragère aux couleurs de la Croix de la Valeur Militaire (CVM) a été créée par circulaire ministérielle du 28 novembre 2011.
Cette distinction est destinée à rappeler d’une façon apparente et permanente les faits d’armes et les actions d’éclat accomplis par des formations citées plusieurs fois à l’ordre de l’Armée, à titre collectif, au cours d’opérations de combat, de sécurité ou de maintien de l’ordre, sur un théâtre d’opération extérieure.
Le 16 avril 2012, le drapeau du 17e Régiment du Génie Parachutiste a été décoré de la Croix de la Valeur Militaire avec deux palmes par Monsieur Gérard LONGUET, Ministre de la Défense et des Anciens Combattants, lequel lui attribua ensuite la Fourragère aux couleurs de cette décoration.
Le 17e RGP est ainsi la première unité à recevoir d’une part la Croix de la Valeur Militaire et d’autre part la fourragère correspondante. Elles ont été attribuées au régiment pour son engagement au LIBAN de 1978 à 1986, où il accomplit dix-sept mandats continus au cours desquels il fut cité deux fois à l’ordre de l’Armée, et où il perdit deux officiers, deux sous-officiers et onze sapeurs parachutistes.
La Fourragère aux couleurs
de la Croix de la Valeur Militaire
En mettant en permanence une compagnie de combat au profit de la Force Intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL), le 17e RGP « a obtenu des résultats remarquables en relevant, neutralisant et détruisant plusieurs milliers de mines et munitions tout en réalisant d’importants travaux d’infrastructure et d’organisation du terrain en zone d’insécurité au profit des bataillon de la FINUL et des populations locales.
Détachant simultanément à partir d’août 1982 un élément de liaison et de commandement et une compagnie de combat à Beyrouth au sein de la Force multinationale de sécurité a fait preuve d’une efficacité opérationnelle remarquable. Déminant, procédant au relevage et à la destruction de milliers d’engins, dépiégeant les immeubles et maisons, a largement contribué au retour à la vie normale dans la capitale, participant ainsi à la sauvegarde de la population civile, à celle des membres des Forces Armées et au rétablissement de la paix » (extrait de la deuxième citation à l’ordre de l’Armée en date du 11 avril 1983).
Par la suite, le Général COULLON qui commanda de juin à septembre 1983 la 31e Brigade à Beyrouth rapporte : « … Le 6 juillet, la Brigade paye son premier tribut à la tragédie libanaise. Notre mission « de faciliter la retour à la paix » comporte un volet particulièrement dangereux : le déminage et la destruction des carcasses de bâtiments menaçant ruines à la suite des bombardements afin de permettre à la population la reprise d’une activité normale. Ce jour là, une équipe du 17e RGP est ensevelie dans les décombres de l’immeuble à détruire. Il s’écroule brusquement alors qu’elle pose les explosifs pour le faire « imploser ». Jamais il ne sera assez témoigné de l’admirable, minutieux, et périlleux travail effectué par les sapeurs de ce régiment de génie d’assaut. (…) Tous les jours ils fouillent, cherchent, déminent, détruisent au péril de leur vie avec cette modestie de comportement et ce sang froid qui est l’apanage des « pros ». Leur mission dite de « dépollution » a été, certainement, la plus positive contribution que la FMSB (Force Multinationale de Sécurité à Beyrouth) ait apportée aux habitants de Beyrouth dans le domaine de la sécurité car seul le contingent français disposait d’une telle unité. Cela fait honneur à la France. … ».
En juin 2011, le Général (2s) Claude MOUTON, Président de l’Amicale du 17e RGP, résume l’action du 17 au LIBAN : « Les sapeurs parachutistes qui ont œuvré en reculant les limites codifiées du courage, qui ont développé des trésors d’ingéniosité, ont eu à cœur d’assurer leurs missions, soucieux de la libre circulation des populations en déminant, en dépolluant, en désamorçant des dispositifs explosifs redoutables, en instruisant les cadres étrangers et en informant les autochtones des dangers et des conduites à tenir, révélant ainsi une maîtrise de leurs savoir-faire tactiques et techniques, spécifiques, dans des conditions toujours extrêmes : ce qui a contribué à leur apporter une réputation internationale indiscutée ».
Ainsi, et depuis 1945, bien qu’ayant participé aux campagnes de France et d’Allemagne, aux guerres d’Indochine et d’Algérie, ayant fourni un contingent important au Bataillon Français de l’ONU en Corée, ayant contribué ensuite à tous les grands engagements de l’Armée française jusqu’à nos jours, et malgré ses innombrables faits d’armes, citations, décorations, collectives et individuelles, le 17 n’avait pu obtenir de Fourragère pourtant si méritée et tant attendue, notamment par tous les Anciens qui contribuèrent à la gloire du régiment.
Cette situation apparaissait si peu cohérente qu’une rumeur planait sur le 17 depuis plusieurs décennies selon laquelle le régiment aurait possédé une fourragère qui lui aurait été retirée… Il n’en est évidemment rien.
En réalité, cet état de fait s’expliquait par la seule doctrine d’emploi tactique propre au Génie, et particulièrement au Génie Parachutiste, doctrine différente de celle des armes dites de mêlée (infanterie et arme blindée). En effet, le 17, unité de spécialistes, avec ses caractéristiques propres, engage le plus souvent sur les théâtres d’opérations extérieures des sections ou des compagnies renforcées de moyens et d’équipements spécifiques et ne se projette que rarement en régiment constitué. Cette dernière condition se trouvait être nécessaire jusqu’à la création en novembre 2011 de la Fourragère de la Croix de la Valeur Militaire et de ses propres règles d’obtention.
C’est ainsi que le 17e RGP et ses sapeurs parachutistes peuvent désormais arborer à titre collectif cette glorieuse marque de reconnaissance de la Nation.
La Fourragère aux couleurs de la Croix de la Valeur Militaire est composée d’un cordon rond rouge et blanc doublé sur la partie formant le tour du bras.
MALIZIA
Le 17e Régiment du Génie Parachutiste possède un « Pygargue à tête blanche » (« haliaeetus leucocephalus ») provenant du Rocher des aigles de Rocamadour dans le Haut-Quercy.
Ce rapace est notre mascotte régimentaire (du provençal « mascotto », littéralement : sortilège).
Le Pygargue à tête blanche est une espèce originaire d’Amérique du Nord et il est l’oiseau national des Etats-Unis.
Cependant il fait aussi partie de la faune française.
En effet, on le trouve à l’état sauvage dans l’archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon, territoire français proche de l’île canadienne de Terre-Neuve.
Ce rapace remarquable nous a été offert par la Marraine de notre régiment, Son Altesse Royale (SAR) Caroline GRIMALDI, Princesse héréditaire de Monaco.
Nommé « MALIZIA » (prononcer « MALIT’–CIA »), il a succédé en 2014 à notre aigle royal, nommé « BAC KAN » en référence à la première participation du Génie parachutiste en Indochine lors de l’opération aéroportée LEA d’octobre 1947. Cet « aquila chrysaetos » avait été offert au 17e Régiment du génie parachutiste par les fauconniers du Rocher des aigles de Rocamadour.
L’aigle MALIZIA porte le surnom du fondateur de la dynastie des GRIMALDI – François GRIMALDI – qui au 13e siècle conquit le Rocher de Monaco.
Un peu d’histoire
En effet le 8 janvier 1297, François GRIMALDI, Génois du parti des Guelfes (fidèles au Pape), vient conquérir, à la tête d’une petite armée, le stratégique Rocher de Monaco alors sous domination des Génois du parti des Gibelins (partisans du Saint empire germanique).
Face à l’imposante forteresse monégasque dominant le Rocher, entourée de remparts abruptes, réputée imprenable, il lui faut user d’une ruse de guerre. Ainsi, François et son cousin Rainier, tous deux vêtus en moine franciscain, viennent demander asile et pénètrent dans les lieux. Au cours de la nuit, ils neutralisent la garde, ouvrent les portes à leurs soldats qui s’emparent de la forteresse.
Désormais, François sera surnommé « MALIZIA » (François la « Malice » ou le « Rusé »)
Rappelant ce fait d’armes intrépide et fondateur,
– les armoiries de la Principauté sont soutenus par deux « tenants » : deux moines franciscains brandissant une épée,
– à l’entrée de la place du Palais princier se dresse depuis 1997 la statue de François GRIMALDI, « MALIZIA », en robe et capuche de moine, armé d’une épée qu’il sort de sous sa cape.
Dominant le ciel, maîtrisant le feu
Sur un plan symbolique l’aigle est l’oiseau solaire par excellence. Evoluant au plus haut dans le ciel, la légende affirme qu’il est le seul à pouvoir fixer le soleil sans se brûler les yeux. Il peut ainsi, voir, comprendre et éclairer toute chose.
Dans la mythologie, dans toutes les civilisations, sur tous les continents, il est donc « l’oiseau du soleil », « l’oiseau de feu » ou encore « l’oiseau de la foudre ».
Dans les récits mythiques, religieux ou historiques, il tient le rôle de messager entre le soleil et la terre, entre les dieux et les hommes, il est le lien ou l’incarnation des plus grandes divinités (Horus en Egypte, Zeus en Grèce, Jupiter à Rome, Vishnu en Inde, le Grand Esprit chez les Amérindiens qui utilisaient ses plumes pour leurs coiffes et les costumes religieux), il est enfin le compagnon ou la réincarnation des plus valeureux chefs ou des plus grands héros.
Dans le christianisme il est l’attribut de Saint-Jean l’évangéliste, symbole de celui qui s’est élevé très haut dans la contemplation de Dieu, et symbole de la Résurrection dont il fut témoin.
Car, bien que mortel, l’aigle possède la faculté de se régénérer et de renaître, tel le Phoenix, d’autant qu’il est le guide des âmes des morts passant vers l’autre monde. L’aigle est une figure héraldique naturelle féminine, employée dès les croisades, issue de l’aigle romaine « l’oiseau de Jupiter ». Elle est le symbole de l’Empire.
Napoléon en fait la composante principale du blason impérial par décret du 10 juillet 1804 : «d’azur à l’aigle à l’antique d’or, empiétant un foudre de même». Cette aigle s’inspire aussi de l’aigle carolingienne. Elle sera placée au sommet de la hampe de tous les drapeaux des armées napoléoniennes.
Car, symbole de la puissance et du courage, l’aigle est de tout temps associé aux victoires militaires.
Pour les sapeurs parachutistes du 17, l’aigle «qui domine le ciel et maîtrise le feu» est, par leurs spécialités «para et génie», un symbole qui les concerne tout particulièrement, et il a valeur d’exemple : il représente la rapidité, l’habileté, l’efficacité, la force, la maîtrise, les capacités d’action, l’esprit de combat et la fierté du régiment et du génie aéroporté.
Le 17 est ainsi placé sous le double signe de l’aigle puisque l’écusson de manche de la 11e Brigade parachutiste porte un aigle noir. voir ci-après le paragraphe: Notre écusson de Brigade.
NOTRE BREVET DE PARACHUTISTE
Le « Brevet Militaire de Parachutiste » se porte sur le côté droit de la poitrine, au dessus de l’insigne régimentaire.
Un peu d’histoire :
C’est en France, à la fin de la « Grande guerre », que naît l’idée de parachuter des combattants derrière les lignes ennemies.
Ainsi, en septembre 1918, le commandant EVRARD obtient de l’état-major qu’un détachement de sapeurs soit entraîné afin d’effectuer une mission aéroportée de sabotage dans les Ardennes. Munie de moyens de transmission et d’explosifs, il s’agit pour cette équipe de détruire une voie ferrée, une centrale et des installations électriques. Mais la progression plus rapide que prévu des troupes alliées fait annuler la mission.
Plus tard, en juin 1929, au cours d’une fête aérienne à Mayence organisée par le 33e Régiment d’Aviation de l’armée d’occupation du Rhin, le sergent-mécanicien Jean- Baptiste FRITZ saute, sans autorisation de sa hiérarchie, d’un avion à quatre cents mètres d’altitude. C’est le premier saut de toute l’histoire du parachutisme militaire.
En 1934, au cours des grandes manœuvres de l’armée soviétique, deux bataillons parachutistes interviennent, procédant pour la première fois au monde à la mise à terre par parachute de 1.050 hommes et au poser d’assaut de 1.700 autres avec canons et véhicules… L’évènement a un énorme retentissement.
Aussi, en 1935 une mission d’étude française se rend en Russie. Elle est composée de quatre officiers de l’armée de l’air, tous pilotes, et d’un officier de l’armée de terre de l’arme du génie.
Au terme d’un stage de formation et des douze sauts réglementaires, le brevet de moniteur parachutiste russe est attribué à deux membres de la délégation française, les capitaines de l’armée de l’air Frédéric GEILLE et André DURIEU.
De retour en France, le capitaine GEILLE obtient, difficilement, de l’état-major de l’armée de l’air l’autorisation de créer le centre de parachutisme militaire d’Avignon- Pujaut. L’ambition était initialement modeste, l’état-major voyant avant tout le parachute comme « bouée » de sauvetage pour aviateur en détresse, ou évoquant l’idée de « transporter par avion chez l’ennemi un petit détachement de destruction : un noyau de sapeurs avec 150 kg d’explosif et un élément d’infanterie de protection aussi réduit que possible« .
Mais en novembre 1935, le général DENAIN, Ministre de l’air, pose les bases techniques des troupes aéroportées et l’année suivante, par décret du 3 octobre 1936 de son successeur Pierre COT, les unités d’infanterie de l’air (les premières unités parachutistes) et leurs moniteurs parachutistes sont officialisés.
En 1937, les Troupes aéroportées françaises sont ainsi créées et organisées (deux Groupement d’infanterie de l’air pour environ 400 hommes), et le 1er janvier 1938 un brevet de parachutiste n° 1 est décerné au capitaine de l’infanterie de l’air Henri SAUVAGNAC.
Le 26 août 1938, le «Brevet militaire de parachutiste de l’infanterie de l’air» voit le jour.
En 1946, les divers types de brevets qui ont été décernés aux parachutistes français sont répertoriés notamment ceux obtenus au cours de la guerre 1940-1945 (formations britannique, américaine, polonaise, française) tels que le «brevet parachutiste des forces françaises libres». Les personnels brevetés sont alors inscrits sur une liste commune avec attribution d’un numéro d’ordre. C’est cette liste qui, aujourd’hui encore, est en vigueur.
Le 1er juin 1946, le «Brevet Militaire de Parachutiste», sa réglementation et son insigne sont créés. Ce brevet existe donc depuis 70 ans. En métal argenté, il reprend les symboles des insignes français précédents – parachute, ailes, étoile – complétés par des lauriers et un rameau de chêne en métal doré.
Une signification est attribuée à chacun de ces symboles : « le parachute te porte, les ailes de Saint-Michel (Patron des parachutistes) te supportent, l’étoile te guide, les lauriers pour la gloire des Anciens, le rameau de chêne pour la force, mais le fond noir rappelle que la mort te guette ».
A noter qu’il existe cinq autres types de brevet de parachutiste : moniteur (1946), chuteur opérationnel (1965), instructeur saut à ouverture commandée retardée (1994), initiation au parachutisme (1980) et préparation militaire (1947).
L’obtention du très convoité Brevet militaire de parachutiste nécessite du postulant une motivation élevée, un investissement absolu. Car l’élève parachutiste se doit de réussir une succession d’épreuves techniques, physiques, mentales et morales de haut niveau, dont notamment les redoutables «tests TAP».
En effet, il ne s’agit pas d’un diplôme de parachutisme. C’est un brevet de «parachutiste». Il engage le récipiendaire a bien plus que la seule obligation de passer la porte d’un avion. Le «passage» est à un niveau plus élevé car le nouveau parachutiste sait que désormais, pour lui, rien ne sera plus comme avant. Il accède à une véritable confrérie, il devient un «chevalier de l’impossible», il se sait adoubé et il entre dans la glorieuse Saga des paras. Le numéro de brevet qui lui est attribué, qu’il n’oubliera jamais, s’inscrit dans la grande histoire des parachutistes militaires. Il authentifie le port du béret, rouge ou vert «légion», sur lequel se dresse «le bras armé de Saint-Michel» (tel qu’est nommé l’insigne de béret).
Mais les paras ne se prennent pas au sérieux. Dès son origine, d’une façon faussement dérisoire peut-être – mais non sans humour – ils surnommèrent leur inestimable brevet «la plaque à vélo». Ce qui fit penser aux néophytes que ces militaires à l’aspect sportif étaient rattachés à une brigade cycliste… L’explication ? Il existât jusqu’en 1958 un «impôt sur les vélocipèdes» (et oui…). Celui-ci obligeait, pour preuve de paiement, à fixer sur le cadre de sa bicyclette une plaque en laiton ou en fer blanc. Et curieusement, le concepteur du brevet de parachutiste semblait s’être inspiré de cette petite plaque à l’aspect argenté dont les pattes de fixation s’apparentaient à des ailes !…
NOTRE BÉRET ROUGE
Fin 1941, le béret «lie de vin» est créé pour les unités aéroportées britanniques. Le Spécial Air Service (SAS) porte en Afrique du nord un béret de laine couleur sable.
En juin 1944, les hommes du 2e Régiment de chasseurs parachutistes (RCP) sautent sur la Bretagne avec le béret bleu nuit. Par faveur exceptionnelle, le roi d’Angleterre George VI autorisa les parachutistes français du 2e RCP formés par les anglais à porter le béret «amarante». Le béret rouge est porté pour la première fois par les 2e et 3e RCP lors du défilé du 11 novembre 1944 à Paris.
Pendant toute la guerre le 1er RCP conserve pour sa part le calot de l’armée de l’air.
A partir de mai 1946, un béret noir de forme anglaise est porté par les unités de la 25e Division aéroportée (DAP). Seules les unités SAS et le 2e RCP continuent de porter le béret amarante.
Depuis 1943, les commandos fusiliers marins portent le béret vert des commandos britanniques (incliné sur la droite) mais avec un insigne français.
En 1948, la 25e DAP reçoit un béret bleu roi.
En mars 1951, le général de LATTRE de TASSIGNY décide qu’en Indochine (seulement) tous les parachutistes porteront le béret amarante. Les légionnaires parachutistes conservent le képi blanc.
En 1952 apparaît de manière non officielle le béret vert «légion». En 1956, les unités des commandos de l’air prennent un béret bleu nuit.
En septembre 1957, le béret amarante remplace le béret bleu roi chez les «para métro», les régiments étrangers de parachutistes portent le béret vert. En 1961, le béret amarante ne se porte uniquement qu’en tenue d’hiver. Cela dure jusqu’en 1964 ou le béret «rouge» se porte de nouveau en toutes saisons.
Un Mythe
Le «béret rouge» constitue un mythe d’une grande force, peuplé de héros et empli d’exploits. Rouge, symbole du sang et du feu, noir par ses rubans de deuil qui remémorent l’hécatombe d’Arnhem en 1944, les parachutistes en ont fait le signe éclatant de leur fraternité, de leur courage, de leur abnégation et de leur esprit de sacrifice, vertus parmi celles qui forgèrent «l’esprit Para».
Erwan BERGOT, dans son ouvrage «les Paras», souligne que le béret rouge se mérite comme une Légion d’Honneur. En le coiffant, le postulant accepte les contraintes et les risques, les devoirs et les souffrances qui lui sont liés et assume l’exigeant héritage de ses anciens : «la Gloire et la Mort».
NOTRE INSIGNE DE BÉRET
De même que le Brevet militaire de parachutiste, l’insigne de béret des troupes aéroportées de l’armée de terre a été créé en 1946.
Cet insigne, inscrit dans un cercle, présente un « dextrochère emplumé et armé », c’est-à-dire un bras droit en forme d’aile stylisée, la main serrant un glaive pointé vers le haut.
L’insigne fait référence au Saint-patron des parachutistes.
En effet, il symbolise le « Bras armé de Saint-Michel », l’Archange étant pour sa part, selon la Liturgie, le « Bras armé de Dieu ».
Il est le symbole du combat céleste et de la fidélité à des missions supérieures.
Notre insigne de béret est lié à la grande Saga des paras car, depuis sa création, il a été attribué à toutes les unités de parachutistes métropolitains, coloniaux et légionnaires de l’armée de terre. Il a ainsi été porté sur les bérets noirs, bleu roi, rouges et verts des parachutistes.
Il constitue un signe fort d’appartenance et de ralliement auquel les parachutistes sont très attachés.
D’ailleurs, puisque le Brevet militaire de parachutiste peut être attribué à des personnels n’ayant jamais servi dans les Troupes aéroportées, certains parachutistes considèrent notre insigne de béret encore plus significatif et emblématique…
A noter que depuis 1957, année où le béret rouge a remplacé le béret bleu roi chez les «paras métro», les parachutistes «coloniaux», puis «d’infanterie de marine» (le mot «colonial» ayant été abandonné en 1958), ont adjoint en fond de cet insigne une ancre de marine.
NOS ÉCUSSONS
NOTRE ÉCUSSON DE BRIGADE
L’ « Insigne de grande unité » se porte sur la manche droite de l’uniforme.
Notre célèbre écusson arboré aux quatre coins du monde par les parachutistes de la «11e Brigade parachutiste» a tout d’abord été celui de la «11e Division d’intervention» créée en 1963, puis celui de la «11e Division parachutiste» en 1971.
Il est donc porté continuellement sur nos uniformes depuis plus d’un demi-siècle.
Pour sa part, la mythique représentation d’un «aigle noir fondant sur sa proie sur fond de coupole de parachute déployée» forme une synthèse des écussons des deux divisions parachutistes d’Algérie (10e et 25e), créées en 1956, dissoutes en 1961. Cette fusion «aigle-coupole» figura tout d’abord sur l’écusson de l’éphémère et transitoire «11e Division Légère d’intervention» de 1961 à 1963 (voir ci-dessous).
A noter que «l’aigle» de notre écusson n’est pas à confondre, comme il l’est parfois, avec «l’épervier» ou le «charognard», celui-ci étant propre à l’Armée de l’air. La confusion provient probablement du fait que nos camarades du 1er Régiment de chasseurs parachutistes portent par tradition sur leurs pattes d’épaules le charognard, leur unité ayant appartenu à l’Armée de l’air avant le 1er août 1945, date à laquelle elle fut versée à l’Armée de terre.
Un écusson héritier des « Paras » d’Algérie
Ainsi donc, en 1961 en Algérie, les deux Divisions parachutistes (la 10e et la 25e) étant dissoutes, leur succède la 11e Division légère d’intervention (DLI) qui crée son écusson.
Celui-ci reprend par filiation, et en les superposant (comme on l’observe ci-dessous), les principaux éléments des écussons des deux divisions dissoutes, c’est-à-dire «l’aigle» de la 10e et «la coupole de parachute» de la 25e.
En 1963, la «11e Division légère d’intervention» devient la «11e Division d’intervention» à laquelle est incorporée la «9e Brigade d’infanterie de marine», unité amphibie et aérotransportable mais non parachutiste.
En conséquence, un nouvel écusson divisionnaire est créé :
– il maintient les composantes parachutistes des écussons précédents (10e DP – 25e DP – 11e DLI) : l’aigle et la coupole de parachute, ainsi que le bleu, le rouge et le vert, couleurs d’origine de béret des paras métropolitains, coloniaux et légionnaires,
– il s’y ajoute deux éléments : une «ancre de marine» et des «flots», issus de l’écusson de la 9e Brigade d’infanterie de marine (voir ci-dessous), en référence à l’origine coloniale et à la spécialité amphibie de celle-ci.
En 1971, la 9e Brigade d’infanterie de marine redevient autonome et quitte la 11e Division d’intervention. Celle-ci est dès lors totalement parachutiste et devient donc «11e Division parachutiste».
Néanmoins, si on pouvait s’attendre à voir disparaître de l’écusson de la division l’ancre et les flots, la «11e Division parachutiste», puis depuis 1999 la «11e Brigade parachutiste», maintiendront jusqu’à ce jour et dans son intégralité l’écusson de 1963 (ci-dessus).
Aussi les parachutistes ont officieusement réinterprété «l’ancre de marine» et les «flots» de notre écusson. L’ancre évoque depuis 1971 les deux régiments parachutistes de troupes de marine présents au sein de la 11e Brigade parachutiste. Quant aux flots, ils soulignent la vocation de la brigade à se projeter « loin au-delà des mers »…
Composition de la 11e Brigade parachutiste
La brigade est composée d’un état-major, d’une école de spécialité, d’un centre de formation initiale, et de huit régiments :
– Etat-major de la 11e brigade parachutiste (11e BP) de Toulouse,
– Ecole des troupes aéroportées (ETAP) de Pau,
– Centre de formation initiale des militaires du rang (CFIM) de Caylus,
– 1er régiment de chasseurs parachutistes (1er RCP) de Pamiers,
– 1er régiment de hussards parachutistes (1er RHP) de Tarbes,
– 1er régiment du train parachutiste (1er RTP) de Toulouse,
– 2e régiment étranger de parachutistes (2e REP) de Calvi,
– 3e régiment de parachutistes d’infanterie de marine (3e RPIMa) de Carcassonne,
– 8e régiment de parachutistes d’infanterie de marine (8e RPIMa) de Castres,
– 17e régiment du génie parachutiste (17e RGP) de Montauban,
– 35e régiment d’artillerie parachutiste (35e RAP) de Tarbes.
NOTRE ÉCUSSON D’ARME
Le « Losange de manche » est porté sur la manche gauche de l’uniforme. Il permet d’identifier l’Arme et le Corps.
Pour ce qui concerne le 17e Régiment du génie parachutiste, il est constitué d’un losange de velours noir bordé de trois soutaches (liserés) écarlates (rouges). En son centre s’inscrit le nombre 17 de couleur « rouge », ou « or » pour les officiers, sous-officiers, et militaires du rang de 1ère classe.
A noter qu’il est « brodé or » pour les officiers, sous-officiers et tous les militaires du rang sans distinction (1ère classe ou non) ayant participé à la garde au drapeau du régiment.
L’origine du losange de manche remonte à la Seconde guerre mondiale. En effet, les cols des uniformes américains et anglais fournis aux Forces françaises libres ne permettaient pas de fixer les pattes de collets français portant le numéro de l’unité. Ces pattes furent alors cousues sur la manche gauche de l’uniforme. Et c’est ainsi qu’en 1945, il y a maintenant plus de soixante-dix ans, le Commandement décida de créer les losanges de manche réglementaires.
Le rouge et le noir
Ce sont les couleurs de tradition de l’arme du Génie.
Sur un plan symbolique :
Le rouge représente le « feu », et le noir la « terre » :
- Le feu, car le sapeur manie l’explosif et la poudre,
- La terre, parce qu’il la marque de son empreinte ; c’est notamment l’art de la sape et de la contre-sape, cette guerre de la mine et des souterrains, spécialité initiale et fondatrice de l’arme du génie, qui permet à ses soldats de revendiquer l’appellation de Sapeur.
Sur un plan historique :
Sous Louis XIV, Sébastien le Preste, Marquis de Vauban (1633-1707), ingénieur militaire, mais aussi urbaniste, ingénieur hydraulicien, essayiste, humaniste,… dirigea 48 sièges (il fut blessé 8 fois) et fortifia plus de 300 places.
Vauban fut nommé Maréchal de France par Louis XIV. Il est le fondateur du génie militaire français moderne. Stratège et expert novateur dans l’art et la technique du siège des villes et des places fortes, il a une vision scientifique, mathématique et humaniste dont il fait usage dans toutes ses activités.
C’est à la demande de ses ingénieurs qu’il obtint le soutien de fusiliers d’artillerie dont la mission première sera d’encadrer et de protéger les paysans réquisitionnés et les prisonniers qui effectuaient, souvent sous la menace de la cavalerie et de l’infanterie ennemies, les travaux de fortification.
Après le combat, ces fusiliers, chargé d’entretenir leur matériel (fusils, canons, caissons de munitions, ponts de bateaux,…), travaillaient le bois, le cuir, le fer et le feu (menuisiers, charrons, bourreliers, forgerons,…). Ces soldats, aux nombreux savoirs techniques et pratiques, furent les précurseurs des Sapeurs.
Le drapeau de ces fusiliers étant rouge et noir, ce serait par cette filiation que le corps du génie adopta les deux couleurs.
Le velours noir
Les ingénieurs du Roi
C’est sous Louis XV que le velours noir apparut sur l’uniforme des ingénieurs du Roi. Il s’agissait de les distinguer des officiers d’artillerie. Ils portent désormais un « Habit bleu roi, parements de velours noir, doublement de serge rouge, veste et culotte rouge,…» (extrait de l’ordonnance du Roi du 5 mai 1758).
L’habit se trouva ainsi agrémenté d’un collet et de revers de velours noir. Ce velours noir que l’on retrouve encore aujourd’hui sur les écussons et les fourreaux d’épaule des personnels de l’arme du Génie.
Les Sapeurs et l’Impératrice
Il est souvent rapporté une anecdote teintée de romantisme. Une légende sans doute…
Napoléon III passait en revue un détachement du génie. L’Empereur était accompagné de l’Impératrice Eugénie qui portait une cape de velours noir. L’Impératrice fut très admirative de la prestance des sapeurs arborant bonnet à poil et barbe fleurie, tablier de cuir blanc et hache à l’épaule et qui, traditionnellement d’un pas lent et solennel, « ouvraient la route » aux défilés militaires, illustrant la célèbre devise :
« Sapeur toujours devant, à la peine comme à l’honneur » *
En signe d’attachement, l’Impératrice octroya au fanion une pièce de velours noir qui ornait son vêtement…
* Rappelons que la devise ci-dessus tient son origine du siège et de la bataille victorieuse de Dantzig en mai 1807. Napoléon Ier, suite à la capitulation du maréchal prussien Kalckreuth, félicita ses sapeurs : « Vous vous êtes couverts de gloire pour votre empereur et pour les mérites de votre arme » et se tournant vers le maréchal Lefebvre, il lui dit : « pour ma revue, je veux que vous placiez les bataillons du génie en tête des troupes et devant les drapeaux, et que l’on sache pourquoi je l’ordonne. Les sapeurs marchent en tête à l’assaut. Ils marcheront en tête à la ville ».
La bataille de Dantzig, « fête d’arme » du génie militaire français, est commémorée par les sapeurs chaque 24 mai.
Les trois soutaches
Le 17 d’Afrique
En 1942, dans le but de différencier les Troupes d’Afrique des Troupes Métropolitaines, en particulier lors des contrôles à l’embarquement des navires de guerre, la commission d’armistice demande à la France de mettre en place un système visuel pour distinguer l’une ou l’autre de ces troupes.
L’Etat-major de l’Armée décide donc d’attribuer trois soutaches sur les pattes de collet des uniformes des formations de l’ « Armée d’Afrique » (Bulletin Officiel du 17 juillet 1942), le terme « Armée d’Afrique » désignant, exclusivement, des unités créées en Afrique Française du Nord (AFN), c’est-à-dire en Algérie et au Sahara, au Maroc ou en Tunisie.
Ainsi, une unité créée en Métropole et dirigée ensuite sur l’AFN, ne peut prétendre au port des trois soutaches.
Toutes les unités venant de Métropole en direction de l’AFN, doivent donc impérativement continuer à porter deux soutaches, ceci est le règlement. Mais on peut voir des pattes de collet non conformes, notamment celles des unités de Métropole avec deux soutaches, qui sont transformées en trois soutaches dès l’arrivée en Algérie (Walker, 2010).
Pour sa part, et conformément au règlement de 1942 qui perdura après-guerre, l’écusson du 17e Régiment du génie parachutiste comporte trois soutaches significatives des unités créées en AFN.
En effet, le 17e Bataillon du génie, unité à composantes aéroportées, puis le 17e Bataillon du génie aéroporté, créés en Algérie respectivement en 1946 et en 1949, étaient donc concernés par cette disposition.
Cependant, à noter que ce n’était pas le cas de leur prédécesseur, le 17e Régiment colonial du génie qui, bien que créé au Maroc en 1944, appartenait aux Troupes coloniales auxquelles deux soutaches étaient règlementairement attribuées.
C’est donc bien depuis 1946 et la création du 17e Bataillon du génie de la 25e Division aéroportée à Hussein-Dey (Algérie) que l’écusson du 17 porte réglementairement les trois soutaches.
Bataillon disciplinaire ?
Notons également que, depuis des décennies, il se propageait une croyance selon laquelle trois soutaches désignaient une unité disciplinaire…
Il n’en est donc rien !…
En fait, l’origine de cette confusion provenait de l’existence des anciens Bataillons d’infanterie légère d’Afrique (BILA), surnommés les « Bat’d’af », qui incorporaient dans le cadre du service militaire de jeunes recrues préalablement condamnées dans la vie civile et des militaires sanctionnés par l’armée. La discipline dans ces unités était particulièrement rude…
L’écusson des BILA, parce que créés en Afrique du Nord, portaient donc trois soutaches (de couleur violette), et celles-ci furent considérées par certains comme étant la marque des unités «disciplinaires».
La logique de cette information erronée mena même à interpréter les deux soutaches comme étant celles d’unités «semi-disciplinaires».
Et cette légende se transmettait dans les unités concernées. Non parfois sans une certaine fierté…
Sachant qu’elle fait «la force principale des armées», on peut y voir là le prestige et l’admiration que suscite la discipline !…
L’ÉCUSSON DE LA 25e DIVISION AÉROPORTÉE (DAP) 1946/1948, PUIS DE LA 25e DIVISION D’INFANTERIE AÉROPORTÉE (DIAP) 1951/1956, ET L’INSIGNE DE LA 25e DIAP,
PORTÉS PAR LES SAPEURS PARACHUTISTES DU 17e BATAILLON DU GÉNIE AÉROPORTÉ (BGAP)
La 24e Division Aéroportée (24e DAP) créée en juillet 1945 est dissoute trois mois plus tard. Ses éléments intègrent la 25e Division d’Infanterie (25e DI) qui, par changement d’appellation, devient en février 1946 la 25e Division Aéroportée (25e DAP). Implantée dans le Sud-Ouest de la France, la 25e DAP passe en juin 1946 sous commandement territorial en Afrique Française du Nord. Réorganisée en septembre puis en novembre 1946, elle est constituée de trois Groupements Aéroportés (GAP) : les GAP n° 1 et n° 2 respectivement en Algérie et au Maroc (la moitié de leurs unités embarquera en janvier 1947 pour l’Indochine), et le GAP n° 3 créé en avril 1947 en Métropole.
En juin 1948, les GAP sont en sous-effectifs suite aux constants prélèvements dus à la guerre d’Indochine.
La 25e DAP et le GAP du Maroc sont dissous. Les GAP d’Algérie et de Métropole deviennent autonomes (ils ne seront maintenus que jusqu’en 1949). Etant donné la faiblesse des ressources financières et des effectifs, ainsi que la nature des interventions en Indochine, la notion de « division aéroportée » n’est plus d’actualité. En juillet 1948, il est créé un Commandement Supérieur des Troupes Aéroportées et le Centre des spécialités aéroportées (CSAP).
En 1950, les évènements se précipitent en Extrême-Orient : franchissement du 38e parallèle par les troupes Nord-Coréennes, désastre de Cao Bang, soutien militaire de la Chine populaire au Viêt-Minh… Redoutant une expansion incontrôlable du communisme, les USA prennent en charge à partir de 1950 une part importante des dépenses de la guerre d’Indochine.
L’aide financière et matérielle américaine, et les mesures d’accroissement des effectifs, donnent un nouvel essor aux Forces armées françaises, tant en Indochine qu’en Métropole. Ceci permet la création en 1951, dans le Sud-Ouest de la France, de
la 25e Division d’Infanterie Aéroportée (25e DIAP) constituée à partir des formations aéroportées et des unités territoriales stationnant dans cette région.Dans le contexte tendu de « guerre froide » entre l’Est et l’Ouest, les éléments aéroportés de la 25e DIAP participent aux nombreuses manœuvres effectuées dans le cadre de l’OTAN, permettant aux doctrines d’emploi et aux matériels expérimentés d’être confrontés aux idées et aux réalisations des armées alliées. A partir d’octobre 1954, les éléments de la 25e DIAP interviennent en Algérie.
En juin 1956, la 25e Division d’Infanterie Aéroportée devient, avec l’apport des personnels de la récente Brigade de Parachutistes Coloniaux dissoute, la 25e Division Parachutiste (25e DP).
Elle sera, avec la 10e DP, l’une des deux divisions parachutistes d’Algérie.
Ainsi l’écusson de la 25e DAP puis de la 25e DIAP (porté sur la manche droite), aux couleurs du drapeau français, reprend le parachute et la flèche rouge de l’insigne du 2e Régiment de chasseurs parachutistes (RCP), insigne créé fin 1945, qui fut porté sur le béret rouge en lieu et place du « Cap badge » SAS britannique. Sur l’insigne du RCP, la célèbre devise SAS «Who Dares Wins», « Qui ose gagne », apparaît en français. Le poignard rappelle la dague du «Cap badge». Au sommet figurent les lettres SAS.
Par ailleurs, par l’adjonction d’ailes, la configuration générale de l’écusson de la 25e DAP évoque la forme du Brevet Militaire de Parachutiste français, la flèche rouge occupant la place de l’étoile.
Ainsi l’écusson de la 25e DAP survécut à la dissolution de la division en juin 1948. Il devint celui des éléments du Commandement Supérieur des Troupes Aéroportées de juillet 1948 à Février 1951, puis de la 25e DIAP de mars 1951 à mai 1956.
A partir de juin 1956, il fut celui des unités non endivisionnées dans les 10e et 25e Divisions parachutistes (DP) d’Algérie, celles-ci obtenant chacune leur propre écusson.
Il fut repris après 1962 par l’Arme du Train parachutiste et le 1er Groupe de Livraison par Air (GLA). On le trouve même sur des tenues de saut de stagiaires de centres de Préparation militaire parachutiste (PMP) tel celui de Lille-Bondues dans les années 60.
L’insigne de la 25e DIAP (1951) : en métal, sa forme et sa couleur évoque le béret para et le parachute figuratif s’apparente à l’esprit du (présumé) premier insigne, créé en 1937, de la Section de parachutistes du Centre militaire d’Avignon-Pujaut où s’effectuèrent à partir de 1935 les sauts précurseurs des Troupes Aéroportées françaises.
L’insigne de la Section de parachutistes de « Pujaut » représente, sur fond « ciel », un parachutiste sous suspentes d’un parachute britannique « Irvin ».
Le parachute de l’insigne de la 25e DIAP semble, quant à lui, avoir été dessiné par un spécialiste de la « psychologie de la forme ». Ce principe et le mode artistique de traitement créent une illusion d’optique : la coupole peut se voir alternativement, soit par-dessus, soit par-dessous, soit bombée, soit en creux. Sur fond rouge, il présente des feuilles de chêne dorées. Rapidement, les paras de la division ne manquèrent pas de baptiser l’insigne de la 25e DIAP : la «Tomate»…
L’ÉCUSSON «RHIN ET DANUBE» DE LA 1ère ARMÉE FRANCAISE
PORTÉ PAR LES SAPEURS DU 17e RÉGIMENT COLONIAL DU GÉNIE (RCG) en 1945
« …Il faut que ces garçons gardent sur eux le témoignage de ce qu’ils ont su donner au pays et le signe de ce qu’ils devront continuer à lui donner. Je veux qu’ils sachent qu’ils doivent être fiers. Je veux que, par eux, se dissipent les complexes de résignation et d’abandon dont nous avons trop souffert… ».
Le 24 avril 1945 à Karlsruhe en Allemagne, le Général de LATTRE de TASSIGNY, le libérateur de COLMAR, commandant la 1ère Armée française, rappela la mission de son unité, essentielle pour le rang et l’avenir de la France, et distingua les actions déterminantes de ses hommes. A partir de ce jour il nomma la 1ère Armée : « RHIN ET DANUBE ».
Aussi, le Général demanda au Capitaine Ambroselli d’exécuter plusieurs maquettes d’un écusson qui représenterait ce «témoignage» et ce «signe», sur lequel s’uniraient les armes de la ville de Colmar (écu ancien rouge et vert frappé d’une masse d’arme d’or) et les eaux des deux fleuves franchis (le Rhin le 31 mars et le Danube le 20 avril). La municipalité de Colmar avait en effet décidé unanimement de conférer à la 1ère Armée le droit de porter le blason de la ville.
Réalisées la nuit même par des brodeuses allemandes convoquées par le bourgmestre de Karlsruhe, le Général fit sont choix entre les maquettes et il dépêcha, en avion, un officier de son état-major vers la manufacture de broderie mécanique Neyret de Saint- Etienne. Mais ses ouvriers étaient en grève. Apprenant que ce travail était destiné à la 1ère Armée, ceux-ci regagnèrent leurs métiers, et les premiers écussons furent alors immédiatement fabriqués.
Ce prestigieux écusson se portait sur la manche gauche de l’uniforme, au dessus de l’écusson d’arme.
Tout au long de leur vie militaire les détenteurs de l’écusson « Rhin et Danube » disaient avec une légitime fierté : « J’étais avec de Lattre ! ».
L’ÉCUSSON DU GROUPEMENT LEGER AEROPORTE (GLAP) d’INDOCHINE
PORTÉ PAR LES SAPEURS PARACHUTISTES DU 17 DE 1948 à 1951
Cet écusson a été porté en Indochine par les Sapeurs Parachutistes des deux sections suivantes :
- la Section du Groupement du Génie aéroporté n°17 (GG n° 17) du Centre des Spécialités Aéroportées (CSAP) d’Algérie. Cette section créée en avril 1948 constitue l’un des éléments précurseurs du GLAP. Par changement d’appellation, elle deviendra en février 1949 au sein du GLAP, la 1ère section de la 1ère Compagnie du 17e Bataillon du Génie Aéroporté (BGAP),
- la 2ème Section de relève, créée en octobre 1950 et appartenant à la 1ère Compagnie du 17e BGAP, jusqu’à la dissolution du GLAP en mars 1951.
Historique du GLAP :
En 1948, la relève de la Demi-Brigade de Marche Parachutiste (DBMP) doit être effectuée au Tonkin. En conséquence :
- le 1er Régiment de Chasseurs Parachutistes (RCP), renforcé par un Escadron du 1er Régiment de Hussards Parachutistes (RHP),
- une Section de Sapeurs Parachutistes du Groupement du Génie aéroporté (GG n° 17) d’Algérie,
forment à Sétif le GLAP. Celui-ci embarquera à Alger pour l’Indochine le 2 septembre 1948.
Un Etat-Major chargé d’assurer le Commandement des Troupes Aéroportées Nord (CTAPN) au Tonkin, une Compagnie de Commandement de Base et de Services (CCBS), une Compagnie de Ravitaillement par Air (CRA), et une Antenne chirurgicale, sont également constitués.
En septembre 1950, le GLAP s’adjoint les 1er et 2e Bataillons Etranger de Parachutistes (BEP), les 3e, 7e et 10e Bataillons Coloniaux de Commandos Parachutistes (BCCP), de la Base Aéroportée Nord (BAPN).
Suite aux lourdes pertes d’octobre 1950 sur la RC4, un Groupe mobile du GLAP est constitué en décembre 1950. Il comprend les 1er et 2e BEP, 6e et 10e Groupes Coloniaux de Commandos Parachutistes (GCCP), la 2e Section de Sapeurs Parachutistes du Génie aéroporté du 17e BGAP, et deux Batteries du 1er Régiment d’Artillerie Colonial du Maroc (RACM).
Le GLAP est dissous en mars 1951. Son Etat-Major reste celui des Troupes Aéroportées Nord (TAPN).